Économicisation de la médecine

L'objectif prioritaire du système de santé est de garantir à l'ensemble de la population une prise en charge médicale de haute qualité, pouvant être financée et concrétisée durablement; pour ce faire, il importe que les perspectives médicales et économiques soient synchronisées. Les médecins, soignant.e.s et autres professionnel.le.s de la santé, les dirigeant.e.s du domaine de la santé, les assurances, les producteurs et productrices et les politicien.ne.s doivent unir leurs forces pour être en mesure d'atteindre cet objectif ambitieux.

Dans l'idéal, la qualité des soins et l'équité dans l'accès aux soins devraient pouvoir être constamment améliorés et les coûts diminués sans que l'une de ces dimensions ne desserve l'autre. Toutefois, la réalité révèle bien des zones de conflit et des problèmes: gain d'efficacité au détriment de la qualité; conflits d'intérêts des différent.e.s intervenant.e.s dans la prise en charge; perte de valeur du modèle de prise en charge dans la relation entre le ou la médecin respectivement le ou la soignant.e et le ou la patient.e; perte de la motivation intrinsèque des «fournisseurs de prestations»; déprofessionalisation; distorsion des priorités médicales; perte de confiance des patient.e.s.

Une économicisation et/ou une commercialisation détournée de la médecine aurait pour conséquence une diminution de l’engagement voire une perte de motivation du personnel susceptible de mettre en péril la qualité et l'équité de la prise en charge par un excès ou une insuffisance de soins ou des soins inadaptés. Le système de santé ne serait alors plus à même d’atteindre son objectif prioritaire, à savoir de garantir une prise en charge médicale de haute qualité, qui puisse être financée et concrétisée à long terme.

De 2009 à 2013, l'ASSM et la Commission Nationale d'Ethique CNE ont organisé cinq symposiums sur le thème de l'économicisation de la médecine. Pour conclure cette série de colloques, l'ASSM a publiée en 2014 la feuille de route «Médecine et économie».